
Bernard El Ghoul Directeur

Marlène Atié Directrice Adjointe
Chères et chers ami(e)s,
Nous avons l’immense plaisir et la grande fierté de vous présenter, « Le Cèdre », la revue de presse rédigée par nos résidents.
« Le Cèdre » a pour ambition de graver dans le temps, l’histoire de nos résident(e)s, leurs idées et leurs regards sur un monde agité, tant au niveau socio-économique, que politique et environnemental. Cette revue va permettre à chacune et à chacun d’entre eux de s’exprimer librement sur des thématiques variées qui incarnent la diversité des centres d’intérêt de nos résidents ainsi que leurs différents parcours et cursus de formation.
Comme nous croyons fortement au pouvoir des mots, nous insistons sur l’importance de la civilité, du respect et de la bienveillance entre les résidents, autant de valeurs qui devront façonner la gestion de cette revue. Ainsi, « Le Cèdre » pourra poursuivre l’histoire de la Maison du Liban ; une aventure exigeante et obstinée de plus d’un demi-siècle, initiée par Victoria Khouzami. Cette dernière, entièrement dévouée à l’essor des échanges humains et universitaires entre la France et le Liban, nous a témoigné à travers ses notes, l’importance des relations et des amitiés pour donner à nos ambitions l’essor mérité.
« L'histoire, surtout l'histoire officielle, tient rarement compte des vertus de l'amitié. Sans elles pourtant cette histoire de la Maison du Liban ne pourrait être écrite.
[…] Il arrive dans notre existence que certains moments précis nous apparaissent rétrospectivement comme des tournants.
En 1946, j'arrivais à Paris […]. La préparation d'un doctorat à la Sorbonne me convainquit vite que mes compatriotes, placés dans la même situation que moi, devaient se regrouper dans un mouvement de type culturel, afin de rompre un isolement préjudiciable à leurs études supérieures
Des relations, nouées au Liban pendant la guerre, avec des personnalités françaises […] m'avaient facilité les contacts personnels avec le milieu universitaire […]
Pourquoi ne pas en faire profiter, dans le cadre d'une Association, les étudiants libanais de Paris que cinq années de guerre avaient isolés? »
Ainsi, l'Association prit au début de son existence le titre modeste d'"Association éducative franco-libanaise" pour devenir en 1955 l’Association culturelle franco-libanaise".
Dès la fondation de l'Association, un article de ses statuts stipule : "Promouvoir la réalisation d'un Pavillon libanais à la Cité internationale universitaire de Paris".
Phrase simple, mots simples, bonnes intentions qui se heurtent rapidement à une réalité complexe aux niveaux politique, financier, géographique et même architecturale. D’où la nécessité d’un vrai dévouement mêlé à la patience.
Après plusieurs années d’un véritable combat, la Maison du Liban voit enfin le jour en 1961. Influencée par les évènements de mai 1968 à Paris et surtout par les années 1970 et 1980 au Liban, la vie estudiantine de l’époque passe par des moments d’agitations et une période de malaise :
« Heureusement la Maison ne manque pas d'amis. Elle doit s'adapter aux circonstances. […]
Sans les affinités profondes qui existent entre la France et le Liban, l'ACFL n'aurait jamais pu rassembler toutes ces bonnes volontés qui ont assuré la survie de la Maison du Liban »
C’est pourquoi, dans un monde fragmenté où les communautarismes sont exacerbés, la Maison du Liban a pour vocation depuis son origine, de réunir des jeunes gens unis par une seule et même ambition : vivre en paix dans le respect des différences de chacun. « Le Cèdre » sera l’expression la plus aboutie de cette ambition.
Victoria Khouzami termine sa chronique par le passage suivant :
« Après plus d'un demi-siècle d'efforts, je mesure aujourd'hui l'espace parcouru. Mon projet était ambitieux – certains disaient illusoire –, mais j'ai l'immense satisfaction d'être tant bien que mal parvenue à mes fins. Malgré les multiples difficultés que j'ai rencontrées sur mon chemin, j'ai pu donner à plusieurs milliers d'étudiants la possibilité de poursuivre en France des études universitaires de haut niveau, et l'occasion de s'épanouir, de "s'ouvrir au monde" et de garder d'inoubliables souvenirs.
Jeudi 1er janvier 2004. Il neige sur Paris. Le parc de la Cité universitaire se recouvre d'un manteau blanc. Je rentre au Liban pour revoir le soleil et les neiges de mon pays.
Mission accomplie!
Amis qui me lisez, prenez la relève. »
Enfin, « Le Cèdre » se veut à l’image du Liban, de sa Maison à Paris et de sa fondatrice : un modèle de coexistence, diversifié, certes vulnérable et fragile, mais qui ne cesse néanmoins de démontrer son endurance face aux tempêtes. Dans cette optique, la nouvelle revue de presse va contribuer à promouvoir ce message de « vivre ensemble » et se faire l’écho de la vitalité intellectuelle, artistique et culturelle libanaise. Aujourd’hui, « Le Cèdre » prend la relève de la chronique d’une aventure initiée par Victoria Khouzami et promet de tracer sa voie pour de longues années encore.
Alors, bonne lecture !